MÉCANISMES DE PRESTATION DE SERVICES

 
SECTEUR PUBLIC

Carte des
Zones de Santé en RDC

Le Ministère de la Santé est la principale institution Gouvernementale chargée de fournir des services de santé, dont la planification familiale. Sur les 401 hôpitaux existants en RDC, 176 appartiennent au Gouvernement (179 à des organisations religieuses et 46 à des entreprises d’intérêt public ou privé).

Le Système de santé publique en RDC constitue une « Pyramide de la Santé » comprenant trois niveaux:

  • Niveau central:
  • Niveau intermédiaire:
    • Inspection provinciale de la santé et districts sanitaires
  • Niveau opérationnel:
    • Zones de santé (515 au total, dont 35 à Kinshasa), avec un hôpital général de référence et des centres de soins offrant des services de santé intégrés pour la population locale.

En 2006, le Ministère de la Santé, en partenariat avec les bailleurs de fonds internationaux, a développé sa « Stratégie de Renforcement du Système de Santé » (SRSS), définissant les zones de santé comme le point de pénétration clé de toutes les interventions sanitaires. L’objectif de cette stratégie est d’améliorer l’offre de services de santé et la qualité des soins pour l’ensemble de la population en RDC. Le concept de zones de santé s’est avéré efficace pour la prestation de services lors de sa mise en œuvre dans les années 1980, avant le conflit armé.

Tous les services de santé sont désormais offerts dans les zones de santé, où le Gouvernement a émis des directives pour l’application d’un « Paquet Minimum d’Activités » (PMA) comprenant des soins curatifs primaires, la vaccination, la santé reproductive et l’espacement des grossesses, les soins maternels, le traitement du paludisme, la tuberculose et le virus de Sida, la sécurité transfusionnelle et l’approvisionnement en médicaments.

Les hôpitaux généraux de référence, tout comme les centres de soins, doivent fournir des services de la planification familiale dans le cadre du PMA. Selon le Ministère de la Santé, la RDC compte aujourd’hui 406 hôpitaux, 8 126 centres de soins et un nombre inconnu d’autres installations cliniques. Cependant, en raison de la pénurie chronique de ressources humaines, matérielles et financières, la grande majorité de l’infrastructure sanitaire ne fournit pas tous les services du Paquet Minimum d’Activités, ni même la plupart d’entre eux. L’offre réelle de services de la planification familiale, y compris la disponibilité de contraceptifs, varie largement d’un centre de santé à l’autre en fonction des facteurs suivants:

  • Le centre de santé est-il soutenu para un donateur (USAID, UNFPA, Banque Mondiale, DfID, ACDI, etc.)? Pendant la durée d’exécution des projets soutenus par les bailleurs de fonds, les centres de santé ont tendance à disposer de ressources pour fournir une série de services de santé, dont la planification familiale. Cependant, actuellement plus de 200 des 515 zones de santé de RDC ne sont pas couvertes par les projets des donateurs internationaux.
  • Le soutien est-il global ou spécialisé? L’assistance globale soutient généralement l’offre de services intégrés (le PMA), qui inclut la planification familiale. En revanche, ce n’est pas le cas des financements visant à traiter des maladies spécifiques (comme le Sida ou le paludisme).
  • Le centre de santé est-il administré par l’église catholique? Les infrastructures de santé gérées par les organisations religieuses tendent à ne pas fournir de contraceptifs artificiels.
  • Le centre de santé est-il administré par une entreprise commerciale (comme par exemple, une compagnie minière)? Les entreprises privées ont généralement les ressources nécessaires pour fournir une large gamme de services de santé, y compris la planification familiale.
SECTEUR PRIVÉ À BUT NON LUCRATIF, DONT LES ONG

Ce secteur n’est plus limité aux églises, bien que celles-ci demeurent majoritaires. De nombreuses organisations séculaires locales et internationales ont rejoint les groupes religieux. Dans le domaine de la santé, quelques organisations privées volontaires offrent des services de la planification familiale en RDC (cf. Organisations de planification familiale). Ces services sont fournis au travers des mécanismes suivants : (1) soins intégrés aux infrastructures de santé; (2) marketing social ; (3) relais communautaires ; (4) clinique indépendante.


1. Soins intégrés aux infrastructures de santé
Ce modèle de services comprend la planification familiale comme un élément essentiel du PMA, et est appliqué dans les infrastructures cliniques des zones de santé du pays. Cependant, la pénurie chronique de ressources financières, matérielles et humaines rend difficile la prestation de tous les services proposés dans le PMA, ou même la plupart d’entre eux. En conséquence, l’offre de services de la planification familiale, y compris l’offre de contraceptifs, varie largement d’un centre de soins à l’autre. En dépit de cette contrainte, beaucoup de donateurs en RDC utilisent ce modèle. En voici quelques exemples:

  • ACDI: débutera bientôt un nouveau programme dans 7 zones de santé de Kinshasa
  • DfID: augmentera le nombre de zones de santé couvertes par son programme de la planification familiale, passant de 20 à 30.
  • UNFPA: soutient l’offre de soins intégrés dans 30 zones de santé et 4 provinces.
  • USAID: fournit un soutien technique ainsi que des produits à plusieurs zones de santé via ses agences partenaires:
    • La Banque Mondiale, qui a financé dans 80 zones des services de santé, dont la planification familiale, dans 80 zones, mais attend aujourd’hui la levée du blocage temporaire sur les investissements en RDC.

2. Marketing social
Ce modèle de services est relativement peu développé en RDC, contrairement à beaucoup de pays en voie de développement où les campagnes de marketing pour l’usage du préservatif et d’autres produits similaires sont très visibles. Seulement deux programmes de marketing social existent en RDC : PSI et DKT-RD Congo. Celui de PSI consiste principalement en l’approvisionnement régulier des centres de soins et des pharmacies en préservatifs, à travers ses projets Confiance et Avancée du Marketing Social pour la Santé. Le PSI, qui opère de manière continue en RDC depuis 2003, utilise la publicité sur les lieux de vente, mais n’a recours que de manière limitée au marketing de masse. DKT-RD Congo a commencé ses activités en RDC en juillet 2010. Il promeut sa marque de préservatifs (OK Préservatif), les pilules contraceptives et le stérilet. DKT-RD Congo commencera à vendre ces produits sous sa propre marque en 2012, à travers sa campagne de marketing social. Actuellement, DKT travaille à Kinshasa, dans le Bas Congo et Bandundu, avec des représentants commerciaux dans des magasins du secteur privé, dont les grossistes, les pharmacies, cliniques et les points de vente non traditionnels. Néanmoins, l’agence reçoit parfois des commandes de grossistes ou commerçants dans d’autres provinces. DKT conduit également des formations de fournisseurs en cliniques, pharmaciens et mobilisateurs communautaires. DKT s’implantera dans d’autres provinces en 2012 et 2013 et intègrera de nouveaux produits de planification familiale à son portfolio.

3. Relais communautaires
Les distributeurs communautaires (DC) n’ont pas de formation médicale formelle mais suivent des stages professionnels impartis par les programmes qui leur permettent de fournir les services de soins primaires inclus dans le PMA. Dans ce contexte, la planification familiale fait partie des 10 ou 12 domaines de santé couverts par leur travail quotidien. Typiquement, les relais communautaires offrent une gamme limitée de méthodes contraceptives –bien souvent, uniquement la pilule et le préservatif– et rarement d’injectables. Ce modèle de prestation de services, peu commun en RDC, est généralement mis en place par les organisations privées volontaires. L'ABEF, l’organisation membre de l'IPPF en RDC, est l’une des organisations travaille sur ce modèle. Selon ses chiffres officiels, elle collabore avec 155 distributeurs communautaires à Kinshasa. Un deuxième exemple est l’Institut de Santé Reproductive, qui a aidé l’organisation musulmane Maman Ansar à établir un programme de distribution communautaire de contraceptifs à Kinshasa en 2011, avec la participation d’environ 66 volontaires (dont 14 imams, 40 travailleurs sociaux et 12 fournisseurs médicaux). L’organisation environnementale WWF offre également des services de la planification familiale dans le Parc naturel national de Salonga grâce à un réseau de distributeurs communautaires.

4. Cliniques indépendantes
Décrits comme des « programmes verticaux », les cliniques indépendantes offrent uniquement ou principalement des services de la planification familiale. Dans certains cas, ces infrastructures fournissent d’autres services de santé reproductive (comme les frottis et les tests de dépistage du Sida) mais pas le PMA. Les cliniques spécialisées en planification familiale sont rares en RDC. La capitale du pays n’en compte que trois : le centre du PNSR Kintambo, appelé Libota Lilamu, et deux autres cliniques administrées par l’ABEF (bien que ces deux cliniques fournissent également d’autres soins maternels et pédiatriques). Ce modèle de prestation de services est principalement spécialisé dans la planification familiale, ou intègre cet élément, bien que très rarement, à une gamme de services plus large.



SECTEUR COMMERCIAL

Le secteur commercial comprend des entreprises privées à but lucratif appartenant à des propriétaires uniques, des associés ou des corporations. Sont également inclues dans ce secteur les compagnies d’État à but lucratif, dont la Société Nationale d’Electricité (SNEL), la Société Nationale de Chemins de Fer du Congo (SNCC), la Générale des Carrières des Mines (GECAMINES), la Minière de Bakwanga (MINA) et l’Office National de Transport (ONATRA). Avant leur effondrement récent, certaines compagnies d’État constituaient d’importantes sources de services de santé, non seulement pour les employés et leurs familles, mais aussi pour la population en général, notamment dans les provinces du Maniema, Katanga et Kasai. Le secteur privé commercial est souvent l’unique source significative de soutien aux centres de soins situés dans les zones de santé, où l’aide des ONG locales et des donateurs internationaux est réduite ou inexistante. Le secteur pharmaceutique d’intérêt privé possède un large nombre des pharmacies, en majorité dans les centres urbains, et particulièrement à Kinshasa. Les contraceptifs, et surtout les préservatifs, sont en vente dans de nombreuses pharmacies.

Une enquête menée par l’École de Santé Publique de Kinshasa en 2012 a identifié plus de 1 600 pharmacies à Kinshasa vendant au moins un type de contraceptif. Les tableaux ci-dessous indiquent le pourcentage des moyens de contraception en vente à Kinshasa, et la source d’approvisionnement en contraceptifs pour les 5.8% de femmes mariées en âge de procréer affirmant utiliser une méthode moderne de contraception lors de la dernière Enquête Démographique de Santé (2007).


POURCENTAGE DES PHARMACIES À KINSHASA VENDANT LES CONTRACEPTIFS SUIVANTS
Méthode Pharmacies
(n=1646)
Pharmacies
(n=1646)
Centres de santé
(n=226)
Centres de santé
(n=226)
% qui ont en general des produits de PF en stock % qui avaient des produits de PF en stock le jour de l’enquête % qui ont en general des produits de PF en stock % qui avaient des produits de PF en stock le jour de l’enquête
Pilule 38,2% 32,3% 53,5% 51,3%
Préservatif 64,0% 62,0% 59,7% 56,2%
Stérilet/DIU 0,9% 0,7% 38,5% 35,4%
Implants 0,5% 0,2% 21,2% 17,7%
Injectables 33,8% 27,8% 64,2% 61,1%
Spermicides 0,8% 0,7% 2,7% 1,8%



LIMITES DE LA PRESTATION DE SERVICES EN PLANIFICATION FAMILIALE ET SANTÉ REPRODUCTIVE

Idéalement, l’offre de services comprend de multiples activités : conseils aux clients sur les différentes options de contraception, auscultation ou bilan de santé pour éviter toute complication (dans le cas de certaines méthodes contraceptives), offre de moyens contraceptifs (de préférence celui choisi par le client, bien que ce ne soit pas toujours conseillé pour des raisons médicales), information sur le suivi et les comportements adaptés en cas de problème.

Dans son rapport annuel de 2010, le PSNR souligne les points faibles suivants dans la prestation de ces services (pg 13):

  • Faible couverture des services de santé reproductive
  • Faible qualité des services de santé reproductive
  • Faible intégration des services de santé reproductive dans les zones de santé
  • Manque de soutien structurel
  • Infrastructures et équipements inadéquats ou obsolètes


SOURCE D’APPROVISIONNEMENT DES USAGERS
EDS 2007

Source % Femmes
mariées
% Femmes
mariées
% Toutes les femmes
mariées
A Kinshasa En dehors de Kinshasa 15-49
Secteur public 18,7 34,1 29,8
Hôpital 8,7 23,1 19,1
Clinique 2,2 0,0 0,6
Centre de santé 6,9 9,8 9,0
Maternité 0,9 1,2 1,1
Secteur privé 72,5 53,2 58,5
Hôpital/Clinique 6,9 6,6 6,7
Pharmacie 54,8 38,8 43,2
Amo-Congo 2,3 0,1 0,7
Centre de santé 5,0 5,4 5,3
Docteur privé 0,0 0,1 0,05
Infirmière ambulante 0,0 0,5 0,3
Travailleur de la santé 0,0 1,1 0,9
Autre 3,5 0,5 1,3
Autre source 8,9 12,3 11,4
Magasin 2,8 1,4 1,8
Église 0,9 0,0 0,3
Famille/Amis 5,2 10,9 9,3
Total (100%) n=102 n=268 n=370